Hello !
Je vous avais annoncé lors de la création de cette rubrique Instants Photographiques, que j’allais vous présenter quelques photos du mois écoulé, mais aussi aborder différents thèmes, comme des conseils et techniques photo, post-traitement mais aussi vous parler un peu d’argentique.
Et pour ce premier numéro de 2017, je vous propose de faire un bond quelques années en arrière avec un appareil plutôt rétro 🙂
L’année dernière, un membre de l’association Photographes Itinérants avait apporté un lot de vieux appareils photos et j’en ai récupéré un qui m’a bien plu et qui me semblait être en bon état de fonctionnement. J’ai donc fait quelques recherches sur cet appareil afin d’en savoir un peu plus avant de l’essayer.
Cet appareil est un Kodak Volenda 620.
Fabriqué dans les années 1932 à 1937 en Allemagne par Kodak AG (la filiale Allemande de Kodak), anciennement Nagel, est un appareil dit de type « folding » , ou « à soufflet ».
C’est donc un appareil pliant qui se glissera « facilement » dans votre poche ! Un argument de vente de l’époque mais pour un poids de 640 grammes (sans parler de la taille), il faut quand même une bonne chemise 😀


Il y a eu de nombreuses versions de ces appareils avec chacun leurs avancées techniques. Les objectifs étaient aussi différents suivant les modèles, mais les modèles Allemands, bien plus performant que leurs équivalents Américains, en faisait le haut de gamme des foldings Kodak de l’époque.
Concernant l’objectif justement, il s’agit un Kodak Anastigmat avec une focale de 10,5 cm et une ouverture maximale de 4,5. L’obturateur lui est un modèle Compur, à lamelles métalliques et à armement manuel. Les vitesse d’obturation vont de 1/250eme à 1 seconde. Il y a aussi deux positions B et T pour les temps de poses plus long.



Voilà pour la partie technico-historique. Maintenant place à l’essai !
Mais avant, faut-il encore y mettre une pellicule !
Car malheureusement l’appareil utilise des pellicules de type 620 qui ne sont plus fabriquées aujourd’hui. Par contre il est possible pour une quinzaine d’euros (voir plus) de se procurer des pellicules d’époque, avec une date d’utilisation maximale largement dépassée ! je ne m’y suis pas risqué. D’autant qu’une pellicule neuve (au format 120) ne coute que 5€ !
Mais il se trouve que d’autres pellicules de type 120 sont toujours fabriquées, et sont à peu près identique. En fait l’axe des pellicules 120 est légèrement plus épais au centre et il à un petit bourrelet qui fait que son diamètre est plus important de quelques millimètres et ne rentre donc pas les appareils utilisant du 620. Autre différence, l’axe en métal des 620 a été remplacé par du plastique pour les 120.
Une seule solution donc : suivre les étapes de ce Tuto
Dérouler la pellicule 120 pour la ré-embobiner sur un axe de 620 (dans le noir complet pour ne pas exposer la pellicule à la lumière).
Puis re-dérouler la bobine obtenue sur un nouvel axe de 620 (toujours dans le noir complet).
Cette deuxième étape consiste à remettre la pellicule dans son sens initial, pour apercevoir par la suite les numéros de la photo au dos de l’appareil.
Selon le type d’appareil, le format du négatif et le nombres de poses varient : 16 images au format 4,5x6cm, 12 au format 6x6cm, 10 au format 6x7cm ou encore, comme dans mon cas, j’ai obtenue 8 images au format 6x9cm.
Il ne reste maintenant plus qu’à charger la pellicule et l’appareil est prêt.
Bon ensuite, il faut tout de même faire quelques réglages manuels, et s’adapter à la méthode de prise de vue…
- Pour la prise de vue, deux possibilités :
Soit utiliser le viseur situé au dessus de l’objectif, soit le viseur dépliable situé sur le coté de l’appareil. J’ai utilisé principalement ce petit viseur au dessus de l’objectif qui pivote pour faire soit des portraits, soit des paysages, et où l’image exacte de la scène à photographier apparait directement… même si il faut bien ouvrir les yeux.
Pour l’autre viseur sur le coté de l’appareil, il faut coller son oeil sur le premier rectangle noir, et l’image de la scène apparait dans le rectangle situé juste devant. - Pour la mise au point, il faut tourner la bague de l’objectif jusqu’à placer au niveau du repère (qui devait être rouge) le chiffre qui correspond à la distance par rapport au sujet. La plage de distance couverte est la suivante : 1-1,2-1,5-2-2,4-3-4-6-12-et infini. Il n’y a aucun moyen de vérifier si l’image sera nette ou pas !
- Ensuite, l’ouverture du diaphragme est réglable en faisant bouger le curseur sur le bas de l’objectif, selon la plage de réglage suivant 4,5-5,6-8-11-16-22-32
- Enfin pour régler la vitesse d’obturation, il faut tourner la bague de l’obturateur en plaçant sur le repère le chiffre correspondant au temps de pose souhaité, de 1/250 à 1 seconde.
La lettre T permet de faire des poses longues. Il faut alors appuyer sur le déclencheur une première fois pour ouvrir l’obturateur, et une deuxième fois pour le fermer.
La lettre B permet aussi les poses longues mais la différence est qu’il faut maintenir le déclencheur appuyé pendant toute la durée du temps de pose souhaité. Ce réglage convient donc plutôt aux poses de quelques secondes.
Pour ce type de pose, l’appareil peut être poser sur une table grâce à la petite languette chromée « Kodak » qui se déplie, ou encore dévisser le cache juste à coté qui permet de le fixer sur un trépied. Tout est prévu ! - Une fois tous ces réglages effectués, on peut alors armer l’obturateur, puis déclencher.
Clic clac, c’est dans la boite ! 🙂
Une fois la photo prise, ne pas oublier de tourner la pellicule jusqu’à faire apparaitre le numéro de la suivante. Sinon vous aurez une double (ou plus) exposition 😉
Si je vous en parle c’est que cela m’est arrivé… une fois !
Voici maintenant le résultat en image avec une pellicule Ilford FP4 plus 125 Noir et blanc.

Les Goudes – temps nuageux – f/8 – 1/25eme

Les Goudes – temps nuageux – f/8 – 1/25eme

Gorges d’Héric – soleil – f/11 – 1/100eme

Plein soleil – f/8 – 1/250eme

Grande serre, Parc de la tête d’Or – soleil – f/11 – 1/100eme

Lac de Cécélès – double exposition (non volontaire) – f/11 – 1/50eme

Château Borély, Marseille – nuageux – f/11 – 1/25eme

Tour Carbonnière – soleil – f/11 – 1/100eme
Bilan de cet essai
J’ai fait des photos pour essayer cet appareil, et je n’avais aucune idée de ce que cela donnerait. Au final je suis plutôt content de voir qu’un si vieil appareil puisse encore fonctionner et sortir des images. Par contre, j’ai eu un peu de mal au début pour viser correctement. L’image est en effet inversée dans le viseur (ce qui est à gauche se trouve à droite et vice versa). Et puis il n’est pas évident de tenir l’appareil ainsi le long du corps et surtout de le tenir droit. et pas facile aussi de déclencher sans bouger. D’autant que pratiquement à chaque fois j’oubliais d’armer l’obturateur avant de déclencher. Du coup il me fallait à chaque fois refaire ma prise de vue…
Et puis au niveau des réglages de l’ouverture et de temps de pose, cela est tout aussi hasardeux. J’ai utilisé le tableau qui était donné dans la notice de l’époque et qui correspond à la règle du f/16.
Autrement dit, pour une scène à photographier en plein soleil, l’ouverture sera réglée sur f/16 et la vitesse d’obturation à 1/xxx. (xxx correspondant à la valeur ISO de la pellicule.)
Pour une même vitesse, on réglera ainsi à f/11 si le soleil est voilé, f/8 pour un temps nuageux,… mais voici un petit guide de l’époque qui reprend tout ça… en fonction aussi de la pellicule utilisée.
Par contre j’aimerai bien pouvoir faire le développement moi-même mais je n’ai aucun matériel. J’ai donc confié la pellicule à un labo. Sans oublier de leur préciser que je souhaitais récupérer l’axe métallique de ma bobine 620. Je n’ai pas envie d’en commander à chaque fois, d’autant qu’ils ne sont plus fabriqué et qu’un beau jour il ne sera plus possible d’en trouver.
Je ne sais pas si cela vient du développement, de mes réglages de prises de vues ou encore de la pellicule, mais je trouve que les photos sont plutôt claire et manque de contraste.
Certaines ne sont pas très nette aussi. Alors soit j’ai bougé à la prise de vue, ou alors il y a un problème dans mon réglage de mise au point. et peut-être aussi la vieillesse des verres de l’objectif.
Et puis il y a un problème aussi de niveau… quand je vous disais que ce n’était pas évident !
J’ai noté sur un carnet tous les réglages que j’avais fait en fonction de la situation de prise de vue pour avoir quelques bases pour les prochaines fois.
En effet j’avais commandé deux pellicules, au cas ou je rate l’opération de ré-embobinage. Il m’en reste donc une, et je pense essayer cette fois de faire des portraits… A suivre donc !
Sinon j’ai trouvé cette expérience très intéressante. La démarche est totalement différente de la photo numérique et oblige à prendre son temps, à réfléchir aux réglages, à soigner sa prise de vue et puis il y a ensuite une part de surprise en attendant le résultat du développement. La prochaine je ferais vraiment attention à mes réglages, et à ne pas bouger.
J’espère que cet article, une première sur ce sujet, vous aura plu ? Il y en aura certainement d’autres. (pour la deuxième pellicule par exemple 😉 )
N’hésitez pas à me donner vos impressions en commentaires et me dire si vous aussi vous avez déjà essayer un de ces vieux appareils qui prend la poussière au fond du grenier !
A bientôt !
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